Les aquarelles et dessins de Béatrice Cussol sont à la fois sensuels et tortureux. Ses personnages créent des sortes de paysages, d'îles mais dans une certaine violence sensuelle. Le fluide et l'écoulement se sentent en tout sens dans ses oeuvres, perte de sang, fluidité dans les formes qui s'écoulent et dans l'écriture pop très arrondie. La technique même de l'aquarelle permet cette fluidité et cette liquéfaction des corps. Ce sont des corps de femme ou de jeunes filles qui se transforment, ou qui sont en communion pour mieux supporter la violence, la perte d'une enveloppe charnelle. Même si Béatrice Cussol montre une violence faite au corps, violence corporelle, mais aussi psychique, les couleurs pastels et vives nous renvoient à une écriture plutôt naive, sensuelle voire romantique. C'est comme si elles voulait nous rendre supportable les blessures. Dans ses dessins et aquarelles, un mélange de sixties, d'écriture pop et de surréalisme se ressent. D'ailleurs, l'écrit apparaît fortement dans une partie de son travail, comme si elle avait besoin d'affirmer quelque chose d'identitaire. Le sexe n'est pas vraiment le sujet de ses dessins, même s'il semble être toujours présent. C'est parce que le corps est torturé, décomposé, mêlé à d'autres formes qu'il nous est difficile de parvenir à définir les membres de celui-ci. La cruauté de ses dessins nait des détraquements des corps mais qui sortent presque d'un rêve ou d'un cauchemar et font de loin surgir des formes abstraites.
Bref, on peut être à la fois pris et séduit, de loin par la fluidité et la sensualité qui transparaissent dans ses dessins, de loin, grâce à la couleurs. Mais, lorsqu'on se rapproche, un effet inverse se produit : on se sent mal à l'aise et presque compatissant face à la violence des corps, corps de femmes en proie à la même destinée mensuelle.
Exposition de Béatrice Cussol, à découvrir absolument jusqu'au 25 novembre
à la Maison des arts de Malakoff (92)