Cette année, c'est l'artiste Joana Vasconcelos qui représente l'art contemporain à Versailles. Après Jeff Koons, Takashi Murakami, Xavier Veilhan et Bernard Venet, elle est la première femme et plus jeune artiste aussi à investir le domaine de Versailles !
Mais contrairement aux précédents, elle dit vouloir " intégrer Versailles". Ses oeuvres s'insèrent subtilement dans le château et le jardin, sans le dénaturer. Au contraire, son travail renforce le caractère majestueux, puissant et luxueux du domaine de Versailles. Son travail de broderie joue parfaitement avec les décors des intérieurs du château.
L'artiste portugaise va très loin dans le questionnement du luxe et du beau mais également frôle le kitsch sans tomber dans ses travers. Elle s'intéresse à la figure de la femme et propose des oeuvres faisant référence à ses activités manuelles, la couture, le crochet, la cuisine… Ses sculptures monumentales Les Valkyries, présentés dans la galerie des Batailles évoquent la culture portugaise. Le Golden Valkyrie s'insère lui parfaitement au milieu des dorures qui ornent la galerie. Ses Coeurs indépendants font penser à des pendentifs monumentaux, très délicats et travaillés. Mais si on les regarde de plus près, ils sont réalisés avec des couverts ! Vasconcelos réussit à nous duper en réalisant des oeuvres à l'apparence luxueuse, brillante et riche avec des matériaux de la vie de tout les jours. Sa paire de chaussure intitulée Marilyn en est un bon exemple. Présentée dans la galerie des glaces, elle nous surprend par sa monumentalité et son côté brillant, mais encore une fois elle est réalisée avec des éléments issus d'une batterie de cuisine. D'autres oeuvres comme Le Dauphin et La Dauphine et Gardes s'inscrivent parfaitement dans les salles malgrès leur aspect monumental.
Dans le jardin, avec Blue Champagne, Joana Vasconcelos use subtilement des parterres d'eau avec leur reflet. Les parterres du midi sont aussi le lieu de deux sculptures en symétrie : Pavillon de Vin et Pavillon de Thé. Encore une fois, l'artiste joue le côté dentelle et broderie pour laisser apparaître les jardins à travers la sculpture. La technique utilisée pourrait également faire référence aux parterres de broderie, nombreux dans le jardin de Versailles.
L'artiste réussit donc un beau pari, celui d'inscire l'art contemporain à Versailles sans en masquer son architecture et décor historiques ainsi que son côté quasi-sacré. Elle se permet d'y poser un regard audacieux et libre comme l'ont fait les créateurs et résidents du domaine.
Une exposition à voir absolument jusqu'au 30 septembre