Fuecoapaessagio : une exposition, entre histoire et renouveau d’un site

Cet été, Gianluca D'incà Levis, fondateur de Dolomiti Contemporanee, avec Giovanna Repetto, a choisi le site du fort Monte Ricco à Pieve di Cadore comme lieu d'expérience d'un nouveau projet "Fuecoapaessagio". Ce site, restauré et inauguré en même temps que cette exposition, fut un riche lieu de ressources pour les artistes invités.

Les artistes ont eu l'opportunité de prendre le temps de s'inspirer de l'histoire, de l'architecture du fort ainsi que du paysage de montagnes qui l'environne.

Le parcours de l'exposition invite à découvrir ce site remarquable. Les œuvres ont pris place à la fois dans les salles rénovées du fort, dans ses endroits cachés, ainsi qu'à l'extérieur. Certaines résonnent même avec l'architecture, comme si elles en faisaient partie.

La série de peintures de David Mancini Zanchi est issue d'une recherche sur le camouflage. Ses toiles font à la fois écho aux méthodes de protection et à la cartographie. Dans la salle suivante, plusieurs œuvres supposent un certain positionnement de la part du spectateur. Au fond, on découvre comme les traces d'un relevé archéologique du paysage. Sebastiano Sofia a créé un paysage désertique, composé de nombreux matériaux, agrégats transformés… Son installation suggère le cycle de la nature, le renouveau du paysage, entre le désert et la mer. Au sol, c'est en s'approchant et en observant attentivement les détails de matières qu'on comprend les œuvres d'Elia Cantori, des cartes géographiques, moulées dans du sable. 

Dans la grande salle, telle une roche, la sculpture de Stefano Cagol, une pierre artificielle réalisée en fibre de verre, semble être extraite du paysage alentour. Cette pièce crée un lien entre l'intérieur du fort et l'extérieur. Elle incite à s'interroger sur la morphologie du paysage. Plus loin, la peinture Matrice de Paola Angelini fait écho à une œuvre du Titien. L'artiste s'est concentrée sur la spécificité de la technique de ce grand artiste. En l'accentuant, elle en offre une version où disparaît presque la limite entre figuration et abstraction.

Les œuvres de Mattia Bosco se fondent avec l'architecture du fort. Elles jouent sur les relations entre la pierre du mur et la pierre comme support du travail du sculpteur. La feuille d'or incrustée ajoute un caractère précieux. On peut y lire une réflexion sur la fascination des hommes pour la beauté des pierres, icônes, symboles de la géographie de certains territoires.

Giorgio Orbi s'est lui intéressé à la fragilité des milieux naturels, à ces montagnes qui fascinent les promeneurs, patrimoine préservé et à sauvegarder. Rete da Giardino est une carte dans lequel il a découpé les pics de montagnes. Le nouveau quadrillage présente une version morcelée du paysage, comme si celui-ci viendrait à disparaître progressivement. La carte du randonneur est ici matrice pour une découpe du milieu naturel, traversé, arpenté par de nombreux individus.

Le dispositif Magenta d'Irene Coppola attire la curiosité du visiteur. L'artiste propose d'observer autrement le paysage environnant à partir d'une longue vue. Son œuvre déjoue la perception habituelle du paysage. Rouge, la montagne acquière un caractère mystérieux et troublant.

The Patient – Investigation for a new Identity de Sandra Hauser semble au départ difficile à appréhender. Un auxiliaire en aluminium sollicite l'interrogation. Il faut poursuivre la visite du fort pour découvrir la vidéo The Patient – Investigation for a new Identity. Phase III (After the Cut). On y voit du bois en pleine combustion…

Dans la dernière salle, l'installation TRALALALALALA de Bruno Amplatz, occupe l'espace, suite d'éléments de construction possibles pour une nouvelle fondation à venir.

En sortant, on découvre la série de sculptures Primigenius d'Eltjon Valle. Celles-ci se fondent presque avec les pierres et traces, ce qui constitue la mémoire du fort. En se promenant, on découvre une petite salle où est nichée Ciò che una roccia sa de Giulia Pellegrini. L'artiste a conçu une sculpture de glace, semblable à un minéral, qui évoluera durant la durée de l'exposition. Elle l'a placé sur un tissu enveloppé de fragments de dolomie et d'autres minéraux. Celle-ci met en évidence l'action de l'eau sur le paysage. Ici, telle une pierre qui aurait été extraite de la montagne, cette pièce rend visible le processus d'évolution géologique des Dolomites. 

Le voyage à travers le temps se poursuit en descendant… Giulia Fumagalli a installé deux sculptures à travers lesquelles se reflètent les montagnes.

"Fuecopaessagio" propose ainsi un parcours à la découverte d'un lieu historique singulier, ancré dans un paysage fascinant. Cette exposition invite également à s'interroger sur les regards que les hommes portent aujourd'hui sur la montagne. Les œuvres font resurgir la mémoire du site, révèlent l'environnement, sa lumière, ses spécificités géologiques et morphologiques et mettent en lumière des processus naturels. Cette exposition est le premier événement de Tiziano contemporaneo, nouveau projet de Dolomiti contemporanee.

Une exposition à découvrir absolument jusqu'au 30 septembre

Tu, l'istante in cui il mare diventa deserto e viceversa, 2017 de Sebastiano Sofia, Copyright : Giacomo De Donà

Tu, l'istante in cui il mare diventa deserto e viceversa, 2017 de Sebastiano Sofia, Copyright : Giacomo De Donà

 Matrice de Paola Angelini, copyright : Giacomo de Donà

Matrice de Paola Angelini, copyright : Giacomo de Donà

vue d'exposition, copyright : Giacomo De Donà

vue d'exposition, copyright : Giacomo De Donà

TRALALALALALA – TRALALALALALA, 2017 de Bruno Amplatz, copyright : Giacomo De Donà

TRALALALALALA – TRALALALALALA, 2017 de Bruno Amplatz, copyright : Giacomo De Donà

Ciò che una roccia sa, 2017 de Giulia Pellegrini, copyright : Giacomo De Donà

Ciò che una roccia sa, 2017 de Giulia Pellegrini, copyright : Giacomo De Donà

Magenta, 2017 d'Irene Coppola, copyright : Giacomo De Donà

Magenta, 2017 d'Irene Coppola, copyright : Giacomo De Donà

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