Emilie Chaix : composition d’êtres chimériques

À partir d’un corpus d’images, parfois issues de l’imagerie scientifique et recherchées avec soin, Émilie Chaix compose des chimères. Elle choisit animaux, insectes, fragments de corps pour leur forme et couleurs. Un nouvel organisme vivant, une nouvelle espèce entre plusieurs mondes, apparaît alors. Ses œuvres relèvent d’une attention aux textures et aux couleurs des éléments de la nature.

Ses aquarelles suscitent la curiosité, une expérience à la fois d’émerveillement et d’effroi. Elles nécessitent deux temps de perception pour saisir l’extraordinaire richesse des éléments qui constituent la créature. De loin, elles présentent une douceur, une délicatesse, l’envie d’imaginer les textures. De près, l’assemblage de parties de corps, d’animal ou de fleurs peut provoquer une gêne. La couleur est choisie pour l’ambiguïté qu’elle incarne, de la violence à la douceur, de la vie à la mort. Les fragments sont parfois si concentrés que naît une sensation de trouble de la perception. Ces chimères invitent à se raconter des histoires ou à enquêter sur leur provenance.

Emilie Chaix s’attache aussi à représenter le corps humain et à y mêler d’autres formes, des organes, qui suggèrent des greffes. Ces nouveaux êtres hybrides témoignent d’une fragilité du corps tout en lui donnant une force. Un certain érotisme émane alors de ses aquarelles.

L'artiste puise également dans son répertoire d’objets et de matières pour composer des sculptures, à la fois fascinantes et inquiétantes, où s’entremêlent de multiples matières et éléments, fragments issus de différents univers, animal, végétal et humain. Celles-ci rappellent des fétiches, des figures qui ramènent vers des contrées éloignées.

Émilie Chaix allie ainsi avec grande délicatesse le monstrueux et le merveilleux. Ses créatures semblent à la fois irréelles et issues de terres anciennes. Ses œuvres nous permettent d’affronter nos peurs d’enfants et font surgir une mémoire archaïque. Elles conduisent le spectateur à une position instable, entre attraction et répulsion.

Pauline Lisowski

Des œuvres à découvrir à l'exposition Car rien je ne désire / tant à la galerie Marie-Claude Duchosal, jusqu'au 8 décembre

Cacoqphonie

Cacoqphonie

Mauvaise Posture

Mauvaise Posture

Pot Pourri, 2018, Aquarelle, crayon, 73 x 110 cm

Pot Pourri, 2018, Aquarelle, crayon, 73 x 110 cm

Poupée russe,

Poupée russe,

Les Lunatiques, 2018, Crayon et aquarelle, 57 x 76 cm

Les Lunatiques, 2018, Crayon et aquarelle, 57 x 76 cm

2 commentaires

  1. Une fois de plus, l’article intrigue la lectrice que je suis, attise ma curiosité et m’incite à aller apprécier le travail de cet artiste. Merci

  2. Une fois de plus, l’article intrigue la lectrice que je suis, attise ma curiosité et m’incite à aller apprécier le travail de cet artiste. Merci

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