Bohèmes, une exposition sensible et historique, au Grand Palais, Paris

Curieuse idée au départ, mais Bohèmes est une exposition intéressante et jouant sur nos émotions. A première vue, celle-ci semble être très historique et centrée sur la figure du bohèmien à
travers l’histoire. En réalité, c’est le bohèmien au sens large qui est représenté tout au long de l’exposition.

DSC01231.JPGAu rez-de-chaussée, sont exposées des oeuvres graphiques et des
peintures qui présentent les bohèmiens dans leur qualité propre et en action. Des peintures moralisatrices aux fêtes galantes, la figure du bohémien a changé de visage au cours des époques. On
voit particulièrement les bohèmiens au spectacle, la diseuse de bonne aventure (célèbre tableau de Georges de La Tour)… Ce début d’exposition permet aussi de rassembler des oeuvres d’artistes
majeurs comme Jacques Callot, Corot, Courbet, Manet et Renoir, pour ne citer qu’eux. Les bohèmiens sont vus en particulier comme les gens du voyage, de la danse et de la musique et cela au
travers de l’opéra et de grands classiques comme Carmen.

A l’étage, une toute autre ambiance a été créée par un travail suptile de scénographie. On rentre d’abord dans une salle comme dans l’intérieur d’un vieux greniers. Ceci pour signifier qu’au 19e
siècle, la signification du nom de bohèmien avait bien changé. A cette époque ce sont les personnes en marge de la bourgeoisie que l’on qualifie de bohémiens, un monde  empris d’une nouvelle
mélancolie liée à la mort et au suicide. Ensuite, le décor change radicalement, on entre dans le monde des ateliers, lieux qui renvoient à un imaginaire d’anecdotes. L’atelier symbolise aussi
l’aspect misérable de l’artiste. A remarquer l’oeuvre de Cézanne intitulée le Poële dans l’atelier. La troisième salle revête également un décor spécifique. Il est question, dans les
caricatures de Daumier et dans les aquarelles de Adolf Honhenstein, du mythe de la bohème. Montmartre apparaît aussi comme le lieu de la bohème avec bien sûr ses cafés et ses cabarets. Un café
est d’ailleurs reconstitué, dans lequel sont présentées des oeuvres qui témoignent des ambiances de l’époque de cette vie d’artiste et de bohème : L’absinthe de Degas, Trois
romans
de Van Gogh et La gitane de Toulouse-Lautrec, entre autre. L’exposition se clot avec L’album tsigane de Otto Mueller mis en relation avec l’événement la nuit des
Roms.

Cette exposition nous plonge donc dans l’univers des bohèmiens puis de la vie de bohème, comme vie des artistes… Malgrès son aspect très historique, Bohèmes est une exposition qui révèle une
certaine sensiblité. Face à la figure du bohèmien, c’est aussi la condition humaine dans son entier qui est mise en lumière. C’est peut-être pour cela que les oeuvres présentées nous touchent et
surtout nous invitent à voir la figure du bohèmien dans tout ce qu’elle représente aux yeux des hommes et artistes.

Une exposition à découvrir jusqu’au 14 janvier

Galeries nationales du Grand Palais, Paris