Formes simples : la quête de l’épuration de la forme dans une exposition sensible : prolongation, au Centre Pompidou Metz

Dans cette exposition, le commissaire Jean de Loisy nous invite à nous interroger sur la récurrence des formes simples dans l'art et dans la vie. Il la compose selon un ensemble de 17 sections, documentant ainsi précisément notre fascination pour les formes simples, de la préhistoire jusqu'à l'art contemporain. « Formes simples » s'inscrit dans le mouvement d'expositions qui réécrivent l'histoire de l'art : « Chefs d’œuvre ? », « Erre, variations labyrinthiques », « 1917 », « Vues d'en haut » et répond à l'ambition du Centre Pompidou Metz d'aller au delà de l'art moderne et contemporain.

Le début du parcours dévoile un principe qui les caractérise souvent, une énergie qui travaille le monde, visible notamment dans les photographies de lacs d'Hiroshi Sugimoto. La lune est une des premières formes simples qui intéresse les artistes dont Nam June Paik. Celui-ci s'en est inspiré pour créer une installation vidéo. Ensuite, une section met en lumière la forme comme état transitoire. Dans la vidéo Circle II de Charwei Tsai, une tache d'encre laisse un cercle se construire progressivement. L’œuvre dévoile le flux en train de devenir forme. L'installation Round Rainbow d'Olafur Eliasson joue elle sur les effets d'optique : une ombre se déplace dans un espace. Lucio Fontana a bien sûr trouvé sa place dans la section Couper. Son œuvre est mise en relation avec Demi-Lune de Marc Couturier, une sculpture qui dessine une ligne coupant le mur. Dans la thématique du vivant et du cycle végétal, les photographies de Karl Blossfeld témoignent du motif de la plante comme forme simple. Ellsworth Kelly, lui s'en emparait pour radicaliser au mieux la forme. Ensuite, le parcours nous fait passer subtilement des formes génératrices, avec comme œuvre marquante, intégrée à l'espace, When I am pregnant d'Anish Kapoor, aux silhouettes humaines, qui fait se dialoguer des petites statuettes avec, entre autre, une photographie de Patrick Tosani, puis aux silhouettes animales, avec notamment la sculpture Le Poisson de Constantin Brancusi. Le parcours se clôt sur les énigmes internes à ces formes.

Tout au long du cheminement des thématiques, des correspondances sont réalisées entre les œuvres d'art modernes et contemporaines et la création de civilisations anciennes, ce qui met particulièrement en lumière le développement continu de l'intérêt pour les formes simples en fonction d'un contexte historique. À travers les œuvres exposées, nous pouvons comprendre les débats qui ont coordonné la création en physique, mathématique, biologie et esthétique et leurs conséquences sur la mécanique, l'industrie, l'architecture et l'art. Ces formes ont bousculé notre manière de penser le monde.

La scénographie de l'exposition, proposée par Laurence Fontaine est basée sur la figure du cercle. De ces formes simples, sont composés à la fois des espaces clos et ouverts, propices à la promenade. Ce parcours permet ainsi une compréhension immédiate et sensible. Le spectateur peut être pris dans une contemplation de formes en train de se créer et aussi prendre part à des jeux de correspondance entre des constructions mécaniques, des architectures, des matériaux et des œuvres contemporaines. Cette exposition s'offre comme un manifeste, remarquable pour la richesse des œuvres présentées et pour les réponses et les réflexions qu'elle suscite.

À voir absolument jusqu'au 5 janvier

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