Atelier Bletterie, La Rochelle
30 septembre – 15 octobre 2016
porte renaud crée des protocoles pour éprouver la matière, telle une surface marquée par le temps. Cet artiste travaille la sculpture en fonction des espaces que le corps habite et pratique. Par ses expériences, il approfondit son geste de sculpteur tout en le renouvelant. Il compose des sortes de recettes pour faire naître des formes et construit un répertoire de techniques et de relations à ses matériaux.
Son exposition résulte d’une résidence, qu’il a lui-même choisi comme moteur pour construire de nouvelles formes. La Rochelle, ville connue pour son tourisme, l’a incité à prendre la posture d’un artiste-touriste. porte renaud a exploré le territoire, y a découvert ses paysages, a collecté des matériaux et y a réalisé des expériences. Durant ce temps, activités de vacancier et gestes artistiques se nourrissaient l’un l’autre. Ses impressions et lectures sont venues enrichir sa démarche. Son projet s’est alors développé selon un aller-retour, une correspondance via des cartes postales.
Ainsi, l’espace de l’atelier bletterie regroupe des œuvres rejouées pour le lieu et d’autres issues de son voyage. Collectes, échanges, déplacements, accumulations et transformations, ces processus fondent le fil rouge d’un protocole de façonnage de la matière. porte renaud y compose un paysage, un espace qui concentre plusieurs temporalités, dans lequel le visiteur est incité à laisser une trace.
Le ciel est bleu, la mer est verte #1, des feuilles de papier de ponçage accumulées suggèrent le cycle de la matière. Suspendue, alter #2, proposition sculpturale qui se compose de deux fragments, laisse imaginer une possible action, une déchirure dans ce paysage. Une série de petites têtes, fragments d’œuvres, complète ce paysage factice. Plus loin, au sol, comme caché, Mes poussières, les vôtres #1 ##2, une boîte contenant de la poussière d’empreintes se découvre comme un trésor, collection d’éléments naturels pris lors de vacances. Au fond, une vidéo conduit le visiteur à se replonger dans ses souvenirs de voyages. L’exposition déborde à l’extérieur : Survivance #2, une greffe de matière attire le passant. Par cette action in situ, l’artiste a pris le soin de réparer un mur. Ses sculptures incarnent le passage du temps. Elles témoignent à la fois de la répétition d’un geste et laissent imaginer le travail de la nature. Elles font ici écho à la plage, paysage fugitif, fragile, en perpétuel changement, qui attire et repousse à la fois.
Cette exposition évoluera au fur et à mesure des mouvements des visiteurs. Invités à se faire mouler le pied, ils laisseront une trace dans la matière. En prenant le temps de laisser son empreinte, le visiteur participe à la création d’une sculpture ethos #1 et prend par la même conscience de son corps. L’arrêt est ici tout autant important que le déplacement. « Le ciel est bleu, la mer est verte » constitue un laboratoire de formes, des états de matières, témoignages d’une relation forte du corps à la sculpture. Devenu son propre atelier, ce lieu conduira l’artiste à poursuivre de nouvelles pièces.