Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize expérimentent le dessin sous toutes ses formes, aussi bien outil de pensée, de notes, œuvre autonome ou décor de céramique. Ils mêlent les savoirs-faire et les techniques, collaborent avec des artistes et des artisans et développent un goût pour le motif et le décoratif. Ils s'inspirent de la philosophie de William Morris, fondateur du mouvement "Arts & Craft" dans les années 1860, qui refusait la distinction entre art et artisanat. Leurs œuvres résultent d'une compilation de références de diverses cultures, aussi bien historiques, populaires ou de contrées éloignées.
Pour leur exposition au centre d'art le Parc Saint Léger, Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize déploient un ensemble de dessins, de sculptures et de créations in situ, toutes traversées par une multiplicité de motifs issus de diverses sources, faisant écho à des lieux ou à des œuvres. Ils se sont servi de la spécificité architecturale de l'espace, avec ses coursives et ses différents niveaux pour composer un parcours où se retrouvent des végétaux, des paysages, des vues de jardin, une invitation à un voyage…
Dans l'espace central, un ensemble de céramiques attire la curiosité du visiteur. Elles semblent être issues d'un autre temps et d'un autre monde. Une partie d'entre elles furent en effet réalisées en 2015 lors d'une résidence au Mexique. Comme un décor pour ces sculptures, une grande fresque au fusain qui recouvre un pan de mur, incite le spectateur à plonger son regard dans un paysage. Deux dessins au fusain lui font écho, des bouquets de fleurs, réinterprétations d'œuvres d'artistes du XXe siècle. Une série de 80 bols en grès émaillés et d'autres sculptures, qui ponctuent l'espace, reflètent également l'intérêt des artistes pour l'apprentissage de différentes techniques et pour les collaborations avec des artisans. Ces pièces incarnent des savoirs-faire traditionnels et les ressources des territoires où ils ont voyagé.
Leur goût pour le décoratif se retrouve dans la manière dont ils se sont emparés du lieu. Des sortes de papiers peints d'un jaune vif tamponnés de motifs réguliers recouvrent certains murs des coursives de la salle d'exposition. Par cette intervention, les artistes décloisonnent les frontières entre les productions industrielles et le geste manuel du dessin.
Les murs de la grande mezzanine sont eux tapissés de lés de papiers, sur lesquels on découvre des pages de leurs carnets de dessins, prises de notes, croquis plus ou plus moins finis. Cette installation témoigne de la pratique artistique quotidienne des deux artistes et l'étendue de leurs thématiques. Elle compose leur territoire de réflexion et rend compte des différentes images et cultures qui nourrissent leur création.
Ainsi, cette exposition permet de découvrir l'étendue des possibilités qu'offre le dessin. Les œuvres, à travers leurs modes de productions, révèlent l'identité culturelle de territoires. Elle nécessite de prendre le temps de les étudier pour toutes les références qu'elles présentent. Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize jouent ici sur les différents registres du décoratif; travaillant quasi tels des scénographes. Ils ont crée comme un paysage composite.
Une exposition à découvrir absolument jusqu'au 30 avril.