Bernard Moninot utilise le dessin comme outil pour rendre visible les phénomènes, comme trace d'un mouvement. La mémoire du vent est une série d'expériences de dessins réalisés par le vent. À l'aide d'un appareil, il pratique le "dessin hors-papier" (livre sur la direction de Richard Conte). Ainsi, il fait naître des tracés qui témoignent d'un moment fugitif. Au cabinet des dessins Jean Bonna, à l'école des Beaux-Arts de Paris, sont réunis plusieurs séries de ses dessins. Dans la série Antichambre (dessins sur soie), Bernard Moninot travaille le dessin par transparence et joue sur la perception en créant des jeux de superposition des couleurs. Il traduit son intérêt pour la matière et son mécanisme. Dans la série Le jour parfois…, il dépasse le cadre du dessin et compose des collages à partir de fils d'argent, de gouttes de verre, de mica et de dés. Ceux-ci peuvent se lire tels des schémas qui traduisent un processus physique.
Dans sa démarche, il pratique le dessin à la suite d'une découverte de lieux, comme en témoigne la série de dessins intitulée Terminal, qui montrent des espaces d'embarquement dans les aéroports. On peut y lire un hommage à l'artiste constructiviste russe El Lissitzky. Un jeu de lignes superposées et un travail sur la transparence des couleurs primaires fait émerger une sensation de mouvement. Bernard Moninot révèle ainsi ce qu'il nomme les "espaces intermédiaires". Son intérêt pour les traces des phénomènes physiques se retrouve également dans la série Décalage vers le rouge : des dessins aux crayons de couleurs sur papier. Il nous rend visible l'imperceptible.
Dessin(s) de Bernard Moninot, une exposition à découvrir absolument jusqu'au 23 juillet, au cabinet des dessins Jean Bonna, à l'école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, où il enseigne.