70 ans après sa mort, l’oeuvre de Louis Soutter reste très peu connue du public français. La Maison rouge, fondation Antoine de Galbert, choisit donc de faire découvrir ce travail exceptionnel,
longtemps assimilé à l’art brut. L’exposition met donc en lumière toutes les étapes de développement de l’art de Soutter, depuis ses oeuvres de jeunesse jusqu’aux « dessins aux doigts » des
dernières années. Ceux-ci ont d’ailleurs provoqué un réél choc esthétique lorsqu’on les a découvert pour la première fois.
Le parcours demarre donc avec ses dessins de jeunesse dans
lesquels il revisite les maîtres de l’art avec des thématiques liées à l’histoire de l’art, à la religion. Ce sont en majorité des dessins realisés à l’encre de chine et d’une facture réaliste.
On y découvre déjà son goût pour la trame. C’est durant son internement à l’asile de Ballaigues que son art acquis en maturité. Il dessine sur tous les supports qu’il trouve : enveloppes, papiers
d’emballages, dos de lettres et surtout cahiers d’écoliers, aux pages lignées, quadrillées ou blanches. Ses références sont multiples : la mythologie gréco-romaine, les fresques de Pompéi, la
peinture classique, la Renaissance italienne… Ses modèles ont été Carpaccio, Cimabue, Botticelli, Raphaël, Tiepolo, Watteau…
D’une période à l’autre son style à évolué. Durant la période dite « maniériste », ses formats se sont agrandis. Corps et visages sont difformes, les visages sont étirés, comme des masques. Soutter
explore la matière et de nombreuses techniques. Les dessins de ses cahiers témoignent par ailleurs d’une certaine gestualité, un va-et-vient de la main, un rythme, un envahissement total de la
page. Les sujets de ceux-ci sont aussi très variés allant des paysages, des naufrages jusqu’à la nature, la botanique à l’architecture. Il s’intéresse également au décoratif. Il joue beaucoup de
la trame et laisse une grande importance au blanc et à la découpe. A la fin de sa vie, ses dessins aux doigts lui permettent de dessiner sur de plus grands formats en renouvelant totalement son
écriture plastique. Il représente des personnages, isolés ou en groupe, parfois en mouvement. Dans le fond, on retrouve son goût pour la trame, des points sont disposés de façon aléatoire. Une
forme ronde apparaît également comme motif. Il accorde également une importance au titre comme s’il racontait une histoire. Parfois une ou plusieurs couleurs apparaissent. Ses sujets sont forts,
des crucifixions ou autres où le motif de la croix structure la composition. L’exposition se clot sur les illustrations de Soutter. En effet, celui-ci a illustré des livres d’auteurs aussi bien
classiques que contemporains. On y voit une sorte d’envahissement de la page. Son trait rappelle celui qu’il usait pour ses dessins de pages de cahiers.
Une exposition à voir absolument jusqu’au 23 septembre