Des œuvres de trois artistes contemporains se sont immiscées dans le musée d’archéologie d’Arlon. Mesures de l’effacement est une invitation à relire les collections historiques et prêter attention à l’architecture de ce lieu. Les œuvres dialoguent avec le passé et répondent à l’enjeu de ces lieux de conservation que sont les musées archéologiques. Comment attirer notre regard sur des pièces qui remontent à des temps anciens ? De quelle manière les objets, trouvailles inspirent à des formes contemporaines ? Si le dialogue entre des œuvres d’art contemporain et des pièces d’autres musées n’est pas nouveau, ici les propositions des trois plasticiens nous ouvrent vers ce qui est enfoui, alors remis en lumière dans le musée. « C'est dans la "mesure" contemporaine que l'on peut contempler l'ampleur de la richesse de notre passé. » affirme le commissaire de cette exposition Rohan Graeffly.
Les artistes invités développent chacun des manières d’aborder le geste de se mesurer à des lieux ou à des images, des références pour mettre en évidence notre besoin de connaitre le passé pour saisir les transformations du monde. L’effacement consiste ici à faire apparaître et à nous offrir de nouvelles perspectives sur la richesse d’une collection muséale.
Harold Guérin mène un travail où se jouent des questions d’échelles, de mesures et d’expériences physiques de l’espace. Son installation Evolvo mensurae se greffe tout en modifiant le décor d’une salle du musée. L’œuvre court du mur au sol suggère le geste de l’architecte ou de l’archéologue qui prend la mesure.
Les œuvres en cire de Myriam Ornard font écho à des objets témoins, à des figures qui se délitent ou tentent de rester intact. Vanités, ces pièces sont des signes du temps qui passe et de notre désir de le fixer, de résister à la matière. On peut ressentir un certain trouble face à ses sculptures, la nécessité de sauver ce qui disparait.
To dig dug dug d’Harold Guérin fait référence à l’action de creuser. Ici, l'installation appelle au temps de la sculpture et à celui de la fouille.
Emilie Breux détourne des images sur laquelle elle redessine des portraits sous forme de smileys. Le trait léger s’oppose à la précision des œuvres sources. On s’interroge sur sa technique, virtuose et troublante. Ses œuvres nous mènent à rechercher des références parmi les collections du musée. Elles renvoient à la diffusion des images d’histoire qui circulent pour nous convier à découvrir des sites patrimoniaux.
Ainsi, les œuvres d’art contemporain nous engagent à envisager le travail de l’archéologue, provoquent le désir de comprendre et de déceler ce qui se cache sous la terre. Ce qui s’efface nous entraîne ici à percevoir ce qui est derrière, ce qu’on extrait et ce qu’on analyse. Cette exposition nous inspire à redécouvrir la particularité du musée archéologique où est conservée la mémoire d’un territoire.
Pauline Lisowski
Une exposition à découvrir jusqu'au 21 octobre au Musée Archéologique d'Arlon (Belgique).