Avec cette nouvelle grande exposition sur deux niveaux, le Centre Pompidou Metz nous plonge dans l'univers de l'errance, de la perte et de la déambulation. Les oeuvres questionnent notre rapport à l'espace, espace mental, espace visuel, espace physique et la scénographie est elle-même labyrinthique… C'est l'idée de labyrinthe et de dédale dans tout ce qu'elle recouvre qui est traitée par les artistes contemporains et dans toute forme d'oeuvres : des dessins, des installations, des vidéos, de la peinture… L'exposition s'organise en huit chapitres qui mènent du labyrinthe architectural aux méandres de la pensée, de la représentation du chaos à la ville comme lieu d'errance et d'égarement, de la contrainte des corps à des bouleversements picturaux et qui jouent avec notre perception.
Dans la grande nef, notre parcours des oeuvres est tel un labyrinthe, le collectif d'artistes Public Space with a koff intervient dans les interstices de l'exposition en faisant des références judicieuses au labyrinthe. La première section est liée à l'architecture et permet de comprendre comment artistes et architectes ont questionné l'idée d'un espace organisé et complexe qui peut générer le chaos et la perte. Dans l'oeuvre de Robert Morris, on ressent une idée d'enfermement et ce grâce à son utilisation de la ligne. On peut ensuite comprendre que le labyrinthe fait toujours appel au temps et à l'espace, les deux étant imbriqués. C'est un espace qui génère du temps : Frederick Kiesler a le projet d'une maison sans fin. Une section un peu difficile à aborder est celle du labyrinthe mental : les planches d'études sur le système nerveux de Santiago Ramon y Cajal sont comme de véritables oeuvres graphiques. Gianni Pettena a créé un pénétrable labyrinthique, préambule aux errances dans la ville. C'est à travers la section Metropolis que l'on comprend la ville comme un espace labyrinthique où on se perd et les situationnistes et d'autres artistes ont su exploré l'idée d'une ville à explorer, à arpenter mais aussi à cartographier.
La galerie 1 nous plonge elle, dans un autre univers plus visuel et qui perturbe nos sens : Gianni Colombo ouvre cette partie de l'exposition avec ses oeuvres en mouvement. Nous sommes ensuite invités à traverser des salles, véritables installations et expériences cinétiques qui perturbent notre regard et invitent à une perte des repères physique et optique. Puis, nous pouvons aborder le labyrinthe comme un espace d'enfermement et de piège, lieu d'angoisse… C'est avec l'installation de Mona Hatoum (photo) que l'on ressent au plus profond cette sensation d'enfermement : les cages et son jeu d'ombre et de lumière créent comme un rétrécissement de la pièce où s'intègre l'oeuvre. L'oeuvre agit sur nous comme un entonnoir et nous contraint à rester enfermés. Les dernières salles présentent des oeuvres et références au labyrinthe, comme lieu de cheminement mais aussi d'apprentissage de la vie, mais aussi traitent d'un art comme labyrinthe : Le collectif Art et langage figurent, dans leurs grandes peintures, les espaces labyrinthiques d'un musée imaginaire.
Pour clore l'exposition, l'oeuvre de Michel François et de François Curlet, inscrite sur la vitre de la galerie 1, représente la carte de Metz comme si elle était cassée : oeuvre visible alors depuis l'extérieur du musée et qui joue avec la vision de la ville depuis le niveau 1 de celui-ci.
Une exposition déroutante à parcourir et à expérimenter jusqu'au 5 mars.