Roman Ondak est un artiste phare de la scène artistique
internationale, originaire de Slovaquie. Il a fallu que le musée d’art moderne de la ville de Paris décide de lui accorder une exposition pour que je découvre son travail conceptuel et minimal.
L’exposition s’effectue en plusieurs parties qui permettent de saisir sa démarche. La première installation semble laisser perplexe et joue sur l’attente, mais attente de quoi. Roman Ondak laisse
le visiteur en suspens avec cette première oeuvre Before Waiting Becomes Part of Your Life. La suite de l’exposition éclaircit sa démarche : Roman Ondak a déployé dans la grande
salle le résultat de sa recherche actuelle : des pièces faisant à la fois échos au ready-made et au surréalisme sont disposées subtilement et presque invisibles dans l’espace. Il cherche à
modifier notre rapport aux oeuvres et cherche à provoquer chez le spectateur des questionnements sur l’origine des oeuvres et des objets utilisés. Son travail joue sur une interconnexion des
pièces entre elles, objets liés au déplacement qui sont ici arrêtés, figés et posés dans des situations incongrues. Après s’être interrogé sur le sens des pièces et sur les liens qu’elles
pouvaient avoir entre elles, le spectateur est invité à participer à une oeuvre Measuring the Universe, qui fait partie de la collection du MoMA. Ici réactivée, chacun est invité à se
mesurer au mur et à y apposer son nom et la date d’aujourd’hui. Le travail obscur de Roman Ondak est ici évincé au profit d’une oeuvre à laquelle chacun peut prendre part et ainsi comprendre le
sens. Dans la dernière salle, pour Futuropolis, l’artiste a invité sa famille et ses amis à réaliser des dessins sur le thème de la ville du futur. En faisant participer son entourage et
les spectateurs, l’artiste invite à poser un regard sur le monde et sur l’art. Ce qui l’intéresse également ce sont les réactions de visiteurs. Sortant de l’exposition, on retiendra l’expérience
entretenue avec l’oeuvre in process et participative.
Un coup de jeune est aussi donné au musée qui a choisi d’exposer le travail de
Bertille Bak. Son exposition s’intitule Circuits : L’artiste s’intéresse en fait au déplacement. Pour Transports à dos d’hommes, elle a porté un regard sur les trajets en métro
et la musique qui y occupe une place majeure. Elle nous plonge dans différents univers musicaux du métro. Son projet fait intervenir plusieurs médias mais aussi une relation au monde et la
société. Pour parler du mouvement et de la culture, rien de tel pour l’artiste que de s’installer dans la vie de familles tsiganes. Bertille Bak est une sorte de conteuse qui s’intéresse à
l’histoire des gens. La salle où sont exposées une vidéo et son projet autour du métro constitue un espace où se joue une histoire, à la fois de transport et de mouvement et de vie sociale. Dans
l’autre installation vidéo présentée, l’artiste s’est aussi immiscée dans un petit monde, celui de religieuses dans un couvent. Elle nous révèle les conditions de vie des religieuses, tout
comme elle l’avait fait avec les tsiganes. Bertille Bak serait peut-être à considérer dans la lignée des artistes sociaux qui s’insèrent dans la vie des autres et nouent des relations
provilégiées pour nous transmettre un témoignage de la vie.
Deux artistes à découvrir absolument jusqu’au 16 décembre