Jeu de pistes, une exposition collective au Consulat de Colombie, Paris

L’exposition Jeu de pistes propose de découvrir les démarches artistiques de trois artistes d’origine colombienne, vivant à Paris : Adrian Narvaez, Sebastian Cifuentes et David Rodriguez. Le
titre de l’exposition renvoie à l’aspect ludique que propose d’entrée cette exposition. Le dépliant de celle-ci invite déjà au jeu de pliage pour découvrir dans l’ordre les artistes et leurs
œuvres présentées. A l’intérieur de l’exposition, c’est un jeu de cache cache avec les œuvres ! Celles-ci sont disposées dans le décor de la salle. Elles sont à découvrir comme des indices pour
suivre la démarche des artistes. D’une œuvre, on en suit une autre puis on suit un autre artiste. Ce modèle de la relation du lecteur/ public aux œuvres suit le principe de Juilio Cortazar. Le
livre Les jeux et les hommes de Roger Caillois aide à la compréhension de la mise en œuvre de cette exposition. La thématique du jeu est aussi présente chez certains artistes qui nous invitent à
une double lecture de leur travail. Adrian Narvarez, David Rodriguez et Sebastian Cifuentes jouent avec le réel, l’espace et les objets. La pratique de peindre devient aussi un véritable jeu et
amène les artistes à développer de nouvelles manières de créer.

Adrian Narvaez a une démarche de peintre proche d’une critique sur la société de consommation. Ses œuvres sont à la limite de l’hybride, de l’homme et de la machine. Elles nous invitent à penser
notre société hyper-médiatisée où la barrière entre simulacre et réalité est comme brouillée. Les corps sont transformés par les objets technologiques et posent la question du devenir de l’homme
dans notre monde. Malgré la thématique assez dure, les couleurs vives plongent le personnage dans une atmosphère onirique, propre à un rêve. Ainsi, le cauchemar de ce monde possible est apaisé.

Sebastian Cifuentes propose une nouvelle dimension à la peinture. Ses œuvres dépassent le cadre propre et établi de la toile. Les personnages qu’il représente, fragmentés s’inscrivent sur des
objets. Pour l’exposition, les œuvres font comme partie du décor et jouent avec le mobilier et l’architecture intérieure. Un aspirateur est couvert de la tête de Méduse. Une œuvre est composée de
fragments qui invitent à l’imaginaire. Cet artiste puise ses références dans les mythes classiques dans l’histoire de la peinture et réussi à les détourner dans la manière de les représenter.

DSC01379.JPGCet art du détournement est aussi pratiqué par David Rodriguez.
Ses peintures sont un jeu entre l’image obscène et une théâtralisation des corps. La peinture est utilisée comme un filtre plastique masquant une certaine dureté de l’image porno. La pose lassive
des corps prend un autre sens par les couleurs et l’atmosphère lumineuse. Ses œuvres sont de véritables fictions grâce à la peinture. Pour ses petites boites intitulées « La Gourmande-effraction »,
il réussi à projeter à partir d’une image enfantine et douce une nouvelle image qui transgresse les codes de représentation. Ses peintures sont toujours dans une ambivalence du thème et de sa
représentation.

Chaque artiste questionne la peinture, mêle les références à l’histoire de l’art mais également joue sur le réel et la fiction. Dans la salle d’expostion, leurs œuvres incitent à un parcours
d’aller et retour permanent. Nous devenons spectateurs joueurs pour suivre la piste des œuvres.

Jeu de pistes, une exposition à découvrir jusqu’au 4 mai

Consulat Générale de la Colombie, 12 rue de berri, Paris

du lundi au vendredi de 9h à 17h.