Dans le cadre du festival Normandie Impressionniste 2013, l'abbaye de Jumièges ouvre son parc à six artistes contemporains. Jean-Marc Barroso, le commissaire d'exposition (initiateur de la biennale Les Environnementales à TECOMAH, Jouy-en-Josas), a mis l'accent sur le terme d'art contemporain environnemental, pour distinguer ces œuvres in situ du land art. Chaque artiste a répondu, en effet, à la thématique de l'eau par une œuvre qui s'inscrit dans le paysage du parc, redéfinie une partie de son dessin, fait écho à son histoire et parvient à le spiritualiser à sa manière.
Chaque projet s'inscrit dans un lieu bien précis du parc et joue avec ses éléments naturels et sa spécificité topographique. Dans la prairie, Jean-Paul Ganem a conçu une œuvre qui évolue dans le temps, suivant les saisons. Vue depuis un point haut, ce sont des courbes fleuries qui évoquent les remous de l'histoire et les remous de la Seine. Plus loin, Shigeko Hirokawa a souhaité évoquer les vestiges enterrés et oubliés de l'abbaye. Depuis une terrasse du parc, son installation se lit comme un labyrinthe de verdure, fait de jardinières surélevées semées de gazon (photo ci-dessus). Chris Drury, l'un des pionniers du land art a choisi également de faire écho à l'architecture du site en prenant soin de reproduire à l'horizontale la plus haute et la plus large des ouvertures en plein cintre, située à l'extrémité de l'église Notre-Dame. Réalisée avec plus de 3000 bûches issues du parc de l'abbaye, cette pièce monumentale peut également faire penser aux remous du fleuve normand. Ce mouvement fluide est également présent dans le dessin de la sculpture promenade conçue par Dominique Bailly. Celui-ci a reconstitué, en gravier de marbre vert, la carte des boucles de la Seine pour faire ressentir au spectateur le rôle majeur du fleuve sur le site de l'abbaye. Il l'invite à un parcours sur les lignes de la Seine jusqu'aux ruines de l'abbaye. C'est d'ailleurs à l'intérieur de celles-ci que la pièce sonore de Cécile Le Prado emporte le spectateur dans le paysage maritime normand. Cette jeune artiste a capté des sons venant du fleuve, de la mer et de l'océan. François Méchain lui, a choisi de créer une pièce plus sculpturale. Il a construit en osier rustique, un duo de drakkars : Un à l'endroit qui fait référence au passage des Vikings en Normandie ; Un à l'envers qui fait penser à un abri où se réfugier. Ils matérialisent ainsi la réunion de la guerre et de la paix.
Les artistes ont su jouer avec l'architecture de l'abbaye et ont marqué l'environnement d'une œuvre poétique, en relation avec l'eau qui coure le long du parc.
Jumièges – à ciel ouvert, des œuvres à découvrir dans le parc de l'abbaye jusqu'au 31 octobre.