« Dans ma cellule, une silhouette », une exposition collective : le dessin et le geste, au centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson, Noisiel (77)



"Dans ma cellule, une silhouette", une exposition collective : le dessin et le geste, au centre d'art contemporain de la Ferme du Buisson, Noisiel (77)

Pour cette nouvelle exposition, le centre d'art contemporain de la Ferme du Buisson propose de découvrir le dessin dans sa relation au geste et au corps. "Dans ma cellule, une silhouette" fait écho à une présence corporelle qui reste visible, mémoire d'une performance : Le corps y a laissé une trace sensible. Le dessin prend appui ici sur l'art de la performance où le corps est outil de tracés, de lignes.

Pour introduire l'exposition, Santiago Reyes a proposé une performance sans spectateur à la galerie Nivet-Caron à Paris. Une seconde performance s'est déroulée la veille du vernissage au Centre d'art contemporain de la Ferme du Buisson : l'artiste y a dessiné la nuit et a laissé la trace d'un moment intime passé en compagnie de son invité. Mathieu Bonardet, qui se dit artiste marcheur a lui aussi réalisé des œuvres in situ à la suite de performances au centre d'art. Ses projets interrogent la performance comme moteur de dessin, trace de la marche rythmée de l'artiste. MaryClare Foa et Brigitta Hosea, membres du collectif londonien Performance Drawing Collective, développent la relation entre dessin et animation. Pour Traion 1, elles ont réalisé deux dessins au crayon à papier avec le recours à une animation, pour tenter de manifester la présence et le mouvement. Les corps dessinés tentent d'échapper au support mural, métaphore d'un possible souffle vital.

Cette exposition présente également des films d'artistes, dans lesquels le corps est mis en scène comme support de dessins et d'expériences sensibles. Dans les trois vidéos de Dennis Oppenheim, la peau est surface d'inscription sensible d'un dessin. Dans la série Two-Stage Transfer Drawing, père et fils dessinent simultanément, l'un sur le dos de l'autre qui tente de reproduire au mur ce qu'il ressent. Le toucher prend le pas sur le sens de la vue dans cette performance à deux corps. La vidéo de Geta Brătescu nous plonge autant dans l'atelier de l'artiste que dans ses songes. Le spectateur se fait voyeur du corps en mouvement. Le film Un chant d'amour, de Jean Genet, évoque le désir de voir le corps emprisonné à travers des trous : une relation sensible entre deux hommes.

Le corps est aussi libéré pour tracer. Au rez-de-chaussée, Abdelkader Benchamma a réalisé au fusain un dessin mural composé de vides et de pleins. De loin, il dégage une impression de flux, de légèreté comme si un nuage de poussière s'était imprimé sur le mur. Ce mouvement est aussi présent dans les dessins de William Anastasi où s'entremêlent des lignes noires ou colorées, traces des vibrations et accélérations ressenties par le corps.

L'urgence de laisser une trace se révèle dans le livre d'artiste Elements of Beauty de Carla Zaccagnini : il faut oser s'asseoir et prendre en main cet ensemble de documents d'archives témoignant d'actions militantes.

Dans cet ensemble d'œuvres entre absence et présence du corps, les Vidéocartographies : Aïda Palestine de Till Roeskens témoignent d'une relation entre le dessin et le récit. En filmant des esquisses de cartographies, cet artiste laisse émerger des tentatives de décrire l'espace.

"Dans ma cellule, une silhouette" met en lumière et en mouvement une nouvelle poésie du dessin. Le corps s'anime et disparaît, entre présence et absence, il ouvre le dessin à de nombreuses explorations, sous de multiples formes. Le spectateur peut voir ainsi les capacités du corps à tracer, enregistrer et mesurer le territoire.

Une exposition à voir absolument jusqu'au 20 avril, au Centre d'art contemporain de la Ferme du Buisson, Noisiel.

Attention pour voir le film de Jean Genet : une seule projection par jour à 17h.