Kacha Legrand expérimente un travail plastique autour du mouvement, entre dessin, sculpture et vidéo. Du collage et de ses principes d'assemblage, elle a commencé par étirer les surfaces et à créer des volumes. S'intéressant à la forme et à son déploiement dans l'espace, elle a d'abord choisi le rouge comme la couleur qui exprime l'énergie. Puis, le passage vers le blanc l'a conduit à rendre d'autant plus perceptible le volume, ses surfaces et son contenu. Chaque création l'amène à un va-et-vient constant du statique au dynamique. De même, chaque médium l'incite à créer de nouvelles représentations et mises en situation de ses formes.
À la galerie 379, l'artiste a créé un espace de contemplation. Des sculptures cylindriques, sortes de totems suggèrent un mécanisme, une possibilité de tourner. Elles semblent à la fois exprimer une force et une certaine légèreté. Leur surface blanche vient capter la lumière. Ce qui induit d'autant plus leur potentielle mobilité. Au fond de la galerie, l'artiste a réalisé des dessins in situ, les formes du gabarit du cylindre.
Les volumes composent comme un paysage à ne pas traverser, qui met à distance le spectateur des dessins au mur. Celui-ci est comme pris par l'envie de traverser, d'aller les voir de près. Un contraste s'établit entre les volumes et les tracés d'une grande pureté. La matière blanche a comme fusionné dans les dessins au mur. Ceux-ci suggèrent les contours de ces pièces comme pour montrer la décomposition de leur potentielle translation.
Ainsi, entre les œuvres, plusieurs liens s'établissent, chacune ouvrant d'autres points de vue de la forme. En effet, Kacha Legrand est partie de sa vidéo Tourbillons, réalisée à l’occasion d’une résidence au Laboratoire Ondes et Milieux Complexes de l’Université du Havre, qui présente un mouvement constant entre deux forces qui s'attirent, pour concevoir ses sculptures et dessins. Le phénomène de coalescence est transposé dans les sculptures, composées de deux parties symétriques. L'énergie transmise dans la vidéo se retrouve cristallisée dans les volumes cylindriques.
Des petites œuvres, entre la sculpture et le tableau présentent un jeu de combinatoire. Les formes imbriquées entre elles provoquent le désir d'être déplacées, comme un jeu. Là encore, l'artiste transforme en volume ses recherches sur papier, son répertoire de formes.
Kacha Legrand a conçu un espace d'une grande pureté. Plusieurs temporalités coïncident dans l'exposition : la perception du temps cyclique dans la vidéo, un temps fixé dans les sculptures et des séquences d'instant de déplacement dans les dessins. Elle propose ainsi une expérience esthétique qui joue sur la tension et l'équilibre entre visible et l'invisible, la fixité et le mouvement.
Une exposition à découvrir absolument à la galerie 379 à Nancy, le week-end du 6-7 août dans le cadre des 6 week-ends d'art contemporain.
Association 379 Nancy art contemporain Galerie