Eugénie Denarnaud, de 2008 à 2014, a observé des jardins vivriers ornementaux de Tanger. Ses explorations urbaines lui ont permis de collecter un ensemble de photographies. Celles-ci présentent ces espaces du commun, lieux préservés et cultivés par des habitants qui en font lieux de résistance et de ressources. L’artiste révèle ces terrains de possibles, encore sources d’imaginaire et de liberté. La découverte de ces « jardins pirates », espaces autonomes temporaires a conduit l’artiste et paysagiste à témoigner d’un esprit de faire ensemble pour apprendre à se servir de la richesse d’une terre encore fertile. Ses images montrent une nature généreuse malgré les difficultés d’une pression d’un développement urbain. Une puissante lumière crée un fort contraste entre le jardin et l’architecture. Des murs et autres éléments, cloisons, témoignent des habitations qui les encadrent et les préservent. Une tension émane alors entre ces différentes formes, constructions humaines et cette nature qui révèle une énergie, une reprise. Parfois Eugénie Denarnaud privilégie une vue vers le lointain. Ces jardins apparaissent alors comme des postes d’observation sur la ville en pleine croissance.
Ces jardins pirates sont des réserves de nature, qui résistent dans les intervalles construction de la métropole en pleine expansion urbaine. En 2018, dans son article Tanger, ou la rencontre de la société vernaculaire et de la ville mondialisée. Irréductibilité du lien à la terre, Eugénie Denarnaud interroge le potentiel de résilience de ces espaces dans le cadre de bouleversement urbains, et la charge créative qu'ils portent en eux. Ils incarnent un « plaisir sans but dans la pure jouissance de l’acte de faire. Ils conjureraient le sort d’une disparition certaine par une force et une fulgurance, qui adviennent au temps présent » précise-t-elle. Sa série de photographies, présentée actuellement à la librairie Volume, témoigne de ce phénomène de conquête des terrains encore disponibles ainsi que de la transformation d’une ville.
Cette série a donné lieu à l'élaboration d'un projet de thèse de doctorat réalisé au LAREP, Laboratoire de Recherche en Paysage, en partenariat avec la Faculté des sciences et techniques Abdelmalek Essadi, de Tanger.
Eugénie Denarnaud présentera d’ailleurs sa recherche le 7 février prochain à partir de 19h30 à la librairie Volume, jour du finissage de l'exposition.
Pauline Lisowski
photographie d'Eugénie Denarnaud
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