Marinette Cueco mène un travail plastique, depuis les années 1960, à partir du végétal. Celui-ci peut s'inscrire dans le courant de pratiques artistiques liées à la nature : une "œuvre géoplastique" (terme emprunté à Franck Doriac*). Elle crée à la fois des tableaux de végétaux, dans son atelier et des installations in situ. Au fil de ses promenades dans des jardins, principalement dans sa campagne, en Corrèze, où elle réside, elle cueille, collecte toutes sortes de végétaux (graines, pétales, feuilles, tiges, cailloux, terres rares et épluchures…). Attentive à la nature, Marinette Cueco privilégie une relation sensible, douce à l'environnement où elle habite. Elle prend plaisir, comme un jardinier, à regarder ce qui pousse, à prendre soin de la flore, la connaître et la donner à voir. "Ce que je fais résulte plutôt d'une manière d'être que d'un apprentissage. Ma relation avec la nature vient de mon enfance à la campagne et de mon intimité avec les minéraux et les végétaux. (…) Les gestes les plus simples, les plus primitifs sans autre outil que la main sont très efficaces dans la recherche des formes nouvelles" témoigne-t-elle. C'est en prenant le temps de parcourir les jardins, de récolter des plantes qu'elle compose avec ce qu'offre la nature.
Telle une herboriste, Marinette Cueco noue, tresse, tricote, tisse ou entrelace ces végétaux cueillis pour créer des compositions de petits et grands formats, tableaux, dessins de lignes et de vides, plus ou moins entrelacés. Elle a développé un vocabulaire de techniques à partir de ces matériaux fragiles. Elle met en lumière les structures des plantes, leurs caractéristiques morphologiques, leurs textures et couleurs. Elle révèle ainsi l'extraordinaire richesse qu'on trouve dans la nature.
Pour son exposition à la galerie Univer Colette Colla, Marinette Cueco a créé un ensemble de nouveaux travaux. Dès l'entrée, au sol, son installation, un tapis de végétaux sur lequel sont posés des pelotes nous fait songer à un jardin. L'artiste s'est appropriée l'espace de la galerie pour y recréer sa campagne.
Aux murs, on peut découvrir un ensemble d'entrelacs, tressages de végétaux (carex, jonc…). Ces œuvres délicates d'herbes, compositions géométriques invitent le spectateur à plonger son regard et à parcourir un réseau de lignes. Ces "micro-paysages" le conduisent à se reconnecter avec la nature. Ces compositions évoquent les liens, les réseaux qu'on tisse au fil du temps. Elles renvoient également à des pratiques artisanales, à des savoir-faire qui se transmettent de génération en génération. Ces œuvres font surgir des souvenirs de l'enfance, le plaisir des promenades dans des jardins ou dans des forêts, à marcher sur des feuilles, à ramasser les plantes… Elles rappellent les jeux qu'on peut faire avec la nature. Elles font également écho aux contes de fées, à des histoires où les plantes ont des vertus bénéfiques. L'artiste rend hommage à la nature, terre nourricière.
Marinette Cueco a réinstallé ses cueillettes… Dispersées, ses pelotes au sol font penser à des éléments naturels tombés et qu'on aurait envie de ramasser. Ses œuvres rappellent ses cheminements, ses promenades… Son exposition se découvre comme un jardin, le lieu de l'attention et du plaisir de la simple observation à la connaissance.
* Doriac Franck, Le land art… et après : l'émergence d'oeuvres géoplastiques, Ed. L'Harmattan, 2006 ?
Une exposition à découvrir absolument jusqu'au 29 juillet à la galerie Univer Collette Colla
vues de l'exposition, credit photo : Yara Hanna