Julie Crenn et Maud Cosson réunissent des artistes contemporains pour évoquer la guerre, autrement. Sensible, l'exposition permet d'y porter un double regard, témoignages et récits à la fois personnels et imaginaires se mêlent. Organisée par thématique et proposant une lecture ouverte par le jeu d'accroches visuelles des œuvres entre elles, elle s'accorde aux différents espaces à l'architecture singulière du centre d'art.
Dans la première salle, la figure humaine est le sujet central qui guide l'ensemble des travaux. Peintures et photographies dialoguent ensemble et mettent en lumière le rôle des hommes et des femmes. Emeric Lhuisset travaille à l'intersection de l'image de guerre et de l'histoire de l'art. Giulia Andreani a choisi la peinture comme médium pour révéler d'une manière forte et sensible les oubliés de la première guerre mondiale.
Sous la verrière, les pièces, des souches d'arbres déterrées devenues créatures, de Lionel Sabatté invitent à une promenade. Ces oisillons, comme il les nomme, par leurs matériaux, suggèrent une tension entre souffrance et renaissance. Pour la première fois réunies, ils semblent s'affronter. Dans cet espace, les œuvres évoquent la guerre de façon plus symbolique, même si dans les photographies de sa série Les Migrants, Mathieu Pernot dévoile sa rencontre marquante avec ces individus. Les corps allongés renvoient au déracinement et à l’exil. L'accrochage des images de Rodenko Milak créent également du récit.
Le parcours nous mène ensuite à un rapport plus intime à l'histoire et à la mémoire. Dans la salle des écuries, cet univers plus confiné, le travail in progress de Sandra Lorenzi joue sur le pouvoir évocateur de la carte postale. Sa collection d'images découpées ouvre des espaces de projection sur ce qui a bien pu se passer.
Dans le grenier, la mémoire du spectateur peut être réveillée par la force des histoires que racontent les œuvres. L'installation de Mathieu Pernot montre le parcours de migrants afghans : une carte sensible et des pages de cahiers d'écoliers remplies d'un "vocabulaire de survie". La série Faith d'Erwan Venn relève plus de l'intime, d'une histoire familiale enfouie. Pourtant, le travail plastique des photographies laisse chacun y projeter son imagination.
Ainsi, plutôt que de commémorer la Première Guerre mondiale, cette exposition met en lumière des situations qui constituent notre mémoire collective. Les artistes rendent compte aussi bien du passé que de notre société actuelle.
À découvrir jusqu'au 8 novembre
Derniers jours ! Sans tambour ni trompette, Cent ans de guerres
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