Au musée des Beaux-arts de Gand, les œuvres modernistes de toutes disciplines ont retrouvé une place forte. L'exposition propose de découvrir l'art abstrait : son apparition et son développement en Belgique et dans toute l'Europe. Elle dresse le paysage artistique novateur que les artistes ont mis en place au début du XXe siècle. Les arts plastiques et appliqués ont témoigné d'une volonté de changer la société à cette époque. Le langage plastique s'est renouvelé vers différents types d'abstraction et un goût pour les formes pures et colorées. Le parcours de l'exposition nous permet de rencontrer les pionniers de l'abstraction en Belgique et de comprendre comment certains thèmes et certaines formes plastiques furent traitées différemment selon les pays. Une sensibilité de la forme, de la couleur combinée à une recherche d'un art total se révèle à travers les différentes œuvres. On comprend comment l'art abstrait a pu prendre naissance au travers de multiples disciplines : architecture, décoration, littérature, cinéma, photographie, danse, musique et théâtre…
Les premières salles sont consacrées à la mise en valeur du travail de trois artistes Jules Schmalzigaug, Georges Vantongerloo et Marthe Donas. Nous découvrons ensuite une présentation d'oeuvres d'autres artistes, reliés entre eux par une thématique. Dans la section Figuration-Défiguration, on comprend que la figure humaine est restée un sujet de prédilection pour de nombreux artistes tels qu'Edmond Van Dooren, Pierre-Louis Flouquet, René Magritte et bien d'autres. A la même période, les artistes se sont également inspirés du paysage et de la ville. De là, sont nées de nombreuses expérimentations vers l'abstraction. Kiemeijn est allé très loin et a radicalisé les formes des paysages en plans quasi-monochromes. Victor Servranckx lui a réduit les immeubles en des formes simples dans un aspect constructiviste. Les métropoles vont être également source de représentations pour Josef Peeters qui opta pour des formes évoquant le rythme et le mouvement. Une longue halte durant le parcours peut se faire dans le hall, face à des films courts de Walter Ruttmann, Hans Richter, Man Ray… Comme une suite logique, on comprend comment l'art moderniste s'est organisé autour de cercles culturels où les artistes peintres se sont liés au monde des écrivains, musiciens et performers. Retour vers la contemplation de peintures abstraites avec la section consacrée à l'abstraction stricte : C'est l'apparition du mouvement constructiviste avec des formes pures et simples qui s'emboitent. La couleur constitue un moyen en soi dans les compositions où toute référence au monde extérieure a disparu. Des peintures de Wobbe Alkema, de Kandinsk, de Felix de Boeck, de Karel Maes sont présentées.
Changement de décor pour le mouvement DADA en Belgique. Dans une sorte de cabane en bois, les collages de Paul Joostens témoignent d'un univers plus obscure et personnel. Sont également montrés des collages de Kurt Schwitters et de Francis Picabia. De nouveau, des salles consacrées à l'abstraction abritent des oeuvres qui témoignent de l'évolution de cet art. La première regroupe des oeuvres d'Amédée Ozenfant, de Fernand Léger, dont l'art est caractérisé par un purisme radical. En Belgique, les oeuvres de Prosper De Troyer, de Karel Maes et de Victor Servranckx s'inscrivent dans le sillage d'un constructivisme stricte. La machine et le développement des immeubles dans les villes inspirent ces artistes. On apprécie également de voir certaines gravures. La salle qui suit est le lieu d'un changement radical pour notre regard : les oeuvres de Victor Servranckx ont changé d'aspect vers une plus grande liberté et témoignent d'un univers mystérieux et cosmique. D'autres artistes comme Pierre-Louis Flouquet, Marc Eamans et Edmond Vandercommen ont suivi la même voie.
Pour compléter ce parcours à travers l'art moderne abstrait, dans deux salles sont exposées des photographies. On peut y voir l'intérêt des photographes comme Marcel Lefrancq, pour l'architecture industrielle. On apprécie aussi les photographies de Michel Seuphor, de René Griette, d'Ernest Seuphor et de Raoul Ubac entre autre. Dans la dernière salle sont mis en scènes des projets d'architecture et de décoration qui révèlent une nouvelle idée de l'habitat, plus fonctionnel, lumineux et sans ornement. On comprend les idées novatrices d'habitat utopique et surtout comment chaque plasticien oeuvre également dans ce mouvement d'invention de formes et de motifs pour la décoration.
L'exposition Modernisme permet d'apprécier le développement continuel de l'abstraction, sous de nombreuses formes plastiques. Les oeuvres de nombreux artistes belges sont mises en relation avec celles d'artistes européens. C'est un parcours à la fois thématique et historique qui nous fait voir un monde d'innovations dans tous les domaines.
Jusqu'au 30 juin
au Musée des Beaux-Arts de Gand, Belgique