La ville magique, une exposition au Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut de Lille Métropole (59)

Quand Lille devient fantastique pour Lille 3000, le LAM (musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut de Lille métropole) s’intéresse à la ville perçue par les artistes. L’exposition « La
ville magique » présente différentes facettes de la ville en mutation, d’une ville qui doit s’adapter à la « modernité ». Les artistes, penseurs, écrivains et philosophes de l’entre-deux-guerre ont
vu la ville en plein changement et perçoivent l’émergence des métropoles avec le développement du cinéma et une expension démographique. Elle est devenue le centre des pensées et surtout un sujet
d’expérimentations artistiques. L’exposition propose un parcours qui nous emmène dans une promenade récit de la ville. Elle est divisée en quatre sections qui correspondent aux visions de la
ville à partir de l’époque de l’entre-deux-guerres : Manhatta : la ville verticale ; Métropolis : la ville collage ; Quand la ville dort : le théâtre de l’inconscient et dark passage : de
l’errance à l’enquête. La ville fascine mais aussi inquiète. Elle devient le lieu d’un nouvel imaginaire pour les artistes. Elle devient celui d’un renouveau mais aussi de désillusion.

la-ville-magique-pk5n2c.jpgEn prologue à l’exposition sont
inscrites des écrits, pensées sur la ville. La ville est d’abord le sujet d’expérimentations des premiers flâneurs de la fin du 19e siècle. On peut découvrir des oeuvres d’Eugène Atget, de
Spillaert et d’Alfred Kubin entre autre. New York devient ensuite le sujet des artistes, ville verticale qui invite à la nouveauté en art. Manhattan représente pour les artistes la ville d’une
extrême jeunesse. Picabia la représentait dans des abstractions rythmées et colorées. De nombreux artistes comme Bernard Boulet de Monvel, Georgia O’Keeffe (photo ci-contre) et Amédée Ozenfant
ont montré une ville haute de ses grattes-ciel et souvent nocturne.

Dans la deuxième section, la ville est devenue le théâtre d’une aliénation humaine où tout semble en mouvement mais aussi où les repères ont disparu. La foule est prise comme dans un tourbillon
d’une effervescence de changements et de mutations. Karl Völker a témoigné ainsi d’une foule déshumanisée par les industries en plein dévloppement. Paul Citroen a lui expérimenté la technique du
photocollage et montre une ville labyrinthique dans laquelle plus d’échappatoire ne semble possible. Berlin a inspiré les artistes, ville qui connut une croissance anarchique durant les années
1930.

Dans la troisième section, la ville semble plus calme, elle dort. Elle est transformée en lieu d’un nouvel imaginaire. Les artistes et en particulier les surréalistes ont fait de la ville le lieu
de l’étrange dans lequel l’individu retrouve sa place. Giorgio de Chirico a usé d’un retour à l’antique pour montrer une ville du passé. Magritte s’est intéressé à la ville la nuit qui fait
naître le rêve et les allucinations. Pour d’autres, la ville peut aussi être le théâtre d’un drame.

La dernière section montre un aspect sombre de la ville. Là encore l’individu est au centre des questionnements des artistes. La ville est à cette époque le lieu de l’errance mais aussi de
l’enquête. Les romans et les films noirs ont introduit un nouveau regard sur la ville. Les artistes ont expérimenté des recherches graphiques mais aussi ont mis en avant des ombres étranges : une
gravure de Hopper présente la ville vue d’en haut avec un passant. Martin Lewis lui aussi a utilisé ce médium pour montrer une ville de nuit. Les cinéastes et photographes ont témoigné des
passages et d’une ville où l’homme erre seul, parfois recherché. D’ailleurs, les graffitis, véritables traces de passage ont énormément intéressé Brassaï. L’exposition présente également de
nombreux extraits de films où l’homme apparaît parfois comme suspect et court dans une ville sombre.

L’exposition présente donc différentes visions urbaines dans lesquelles l’homme apparaît comme acteur ou simple passant. Elle montre comment la ville fut le sujet de nombreuses expérimentations
graphiques par les artistes. Les photographies, dessins, gravures, peintures et de nombreux films présentés dans l’exposition dévoilent la ville en pleine mutation. Elle nous emporte dans un
voyage urbain.

Une exposition à découvrir absolument jusqu’au 13 janvier

au LAM, musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut de Lille métropole